Un article paru en septembre 2025 dans Libération affirme qu’aux États-Unis, l’extrême droite est responsable de 93 % des meurtres extrémistes de 2005 à 2025, selon une étude de la fondation Anti-Defamation League (ADL). Une affirmation choc, relayée largement, mais qui suscite des interrogations autour de la méthodologie, de la fiabilité des chiffres et de leur véritable portée. Voici un décryptage de ce que montrent vraiment les données — et ce qu’elles ne montrent pas.
Les affirmations principales
- Sur la période 2005-2025, 371 homicides extrémistes auraient été recensés.
- Parmi ceux-ci, 347 seraient attribués à l’extrême droite, dont 262 au courant suprémaciste blanc.
- L’extrême gauche et les islamistes figureraient loin avec quelques cas seulement.
Qui est l’ADL ? Contexte et portée
L’ADL, ou Anti-Defamation League, est une fondation américaine créée pour lutter contre l’antisémitisme et surveiller les discours de haine. Elle publie régulièrement des rapports sur l’extrémisme. Toutefois, ce n’est pas une agence gouvernementale et sa méthodologie soulève des débats quant à la neutralité et la vérifiabilité des données.
Méthodologie : forces et limites
- L’ADL classe comme « homicides extrémistes » les meurtres dont la motivation est considérée comme idéologique, religieuse ou politique.
- Les critiques portent sur le fait que ce recensement ne repose pas sur des statistiques officielles unifiées.
- Le risque de biais est réel, car certains crimes peuvent être attribués à une idéologie présumée de l’auteur.
- Enfin, la définition d’« extrême droite » inclut des catégories très larges comme les « citoyens souverains » ou certains groupuscules identitaires, ce qui gonfle mécaniquement la catégorie.
La position du journal de presse Juristique
La revue juridique Juristique considère que l’affirmation selon laquelle « l’extrême droite tue aux États-Unis » est trompeuse si elle n’est pas replacée dans son contexte. L’organisation souligne que l’ADL, source citée par Libération, n’est pas un organisme officiel, mais une fondation privée, dont la méthodologie élargit fortement la définition de l’extrême droite.
Les chiffres avancés — 93 % des meurtres dits « extrémistes » — ne reflètent en réalité qu’une fraction minime des homicides commis aux États-Unis. Sur des centaines de milliers de meurtres recensés en vingt ans, seulement quelques dizaines par an entrent dans cette catégorie, soit moins de 0,1 %.
Pour Juristique, il est donc abusif de présenter ce pourcentage comme révélateur d’une menace majeure. La tendance n’est pas à l’explosion, mais au contraire à une relative stabilité, voire à une baisse des homicides attribués à l’extrême droite.
Enfin, le site critique la manière dont certains médias mettent en avant ces statistiques, en négligeant la proportion réelle des faits dans la criminalité globale. Juristique appelle à privilégier des données publiques, vérifiables et replacées dans leur contexte pour éviter que des chiffres bruts ne deviennent des slogans politiques.
Vidéo : l’extrême droite tue ? Débunkage des chiffres du journal Libération
Ce que l’on oublie ou minimise
- De 2005 à 2024, on dénombre plus de 339 000 meurtres aux États-Unis, soit environ 17 000 par an.
- Les homicides liés à l’extrémisme représentent donc une part infime du total, souvent inférieure à 0,1 %.
- En 2024, par exemple, 13 morts ont été attribuées à l’extrême droite, sur près de 16 000 homicides au total — soit 0,08 %.
État des tendances : baisse ou hausse ?
Les données montrent que les homicides extrémistes attribués à l’extrême droite ne suivent pas une tendance claire à la hausse. Dans certains cas, ils semblent même en baisse. La perception d’une montée dramatique est surtout amplifiée par la couverture médiatique qui leur est accordée, largement supérieure à celle d’autres formes de criminalité.
Au-delà des chiffres : les causes structurelles
Ces statistiques doivent être replacées dans le contexte plus large des violences américaines.
- La disponibilité massive des armes à feu.
- Les fractures sociales et économiques.
- Les tensions raciales et politiques.
Ce sont ces facteurs qui alimentent la criminalité générale, bien au-delà des seuls homicides dits « extrémistes ».
Conclusion sur l’article de Libération sur l’extrême droite aux USA
Dire que « l’extrême droite tue aux USA » est factuellement exact si l’on se limite aux chiffres de l’ADL. Mais, la mise en perspective relativise fortement cette affirmation : les homicides extrémistes restent marginalement représentés par rapport au nombre total de meurtres. La méthodologie employée, les choix de classification et la manière dont les médias présentent ces données influencent largement la perception du phénomène.
FAQ sur les attentats extrémistes aux USA, le journal Libération et l’ADL
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